Eglise de Magny-Vernois
À l'origine de Magny-Vernois, il ne s'agissait que d'une grosse ferme à l'arrière de Lure. Celle-ci appartenait à l'abbaye de Lure.
L'église catholique, consacrée à Saint Desle, a été construite et agrandie au XIXème siècle.
Elle présente un clocher carré à tour en flèche restauré en 2003.
Connaissez-vous la vie de Saint Desle ?
La vie de Del (Deicolus) est connue par un écrit anonyme de la fin du ixe siècle, la Vita Deicola.
Né en Irlande à une date inconnue, il serait le frère de saint Gall. Il entra tout jeune à l'abbaye de Bangor et vécut attaché à la spiritualité de saint Colomban. Il suivit ce dernier au monastère de Luxeuil où il passa sa vie de 590 à 610.
Au début de l'année 610, à l'instigation du roi Thierry et de Brunehilde, les moines de Luxeuil durent s'exiler et prirent le chemin de Besançon. Sur la route, Del, épuisé, dut laisser partir ses compagnons. La légende raconte qu'arrivé ainsi dans la forêt de Darney, il fit jaillir une source en frappant la terre de son bâton et rencontra ensuite un berger qui le conduisit vers une chapelle dédiée à saint Martin, près de laquelle il construisit une cabane.
Plus tard, ayant recouvré la santé, Del partit fonder un nouveau monastère, près de Lure, encouragé par Clotaire II qui lui offrit un vaste domaine. Là, il reprit la règle de Luxeuil, en y apportant quelques adoucissements, se rapprochant de la règle de saint Benoît qui commençait à s'étendre en Occident. Del entreprit alors un voyage vers Rome afin d'aller faire approuver sa règle par le Pape. Il mourut en 625.
Le monastère de Lure suscita de nombreux pèlerinages, on raconte que Rodolphe IV de Bade se fit remettre quelques reliques du saint, réputé pour protéger la ville où il avait fondé le monastère. Saint Del est vénéré dans les paroisses vosgiennes en lisière de la Haute-Saône1, tout particulièrement dans la région de Remiremont. À Gerbamont, une chapelle lui est dédiée.
Saint Del est considéré comme un saint guérisseur des maladies des petits enfants, mais aussi comme un protecteur du bétail. Un pèlerinage se déroulait le 18 janvier, vers la chapelle de Gerbamont.
Fondée au début du viie siècle par Saint Desle et relevée par Beltramme au xe siècle, l'abbaye de Lure est un monastère dont le centre est situé à Lure et qui jouissait jusqu'en 1678 d'une très large autonomie, l'abbé portant le titre de prince d'Empire. Au xiie siècle elle se rapprochait de l'abbaye de Murbach avec laquelle elle s'unit en 1556. Elle est réunie en 1678 au comté de Bourgogne. Il n'en subsiste plus que l'actuel bâtiment de la sous-préfecture. La construction est dès son origine accolée à l'étang de la Font, une résurgence de l'Ognon. À l'époque, la région était marécageuse.
En 611, Saint Desle (ou Deicole ou Diel), disciple de saint Colomban, fondait à Lure (Lura ou Luthra dérivé de lutum = marais) un monastère. Il est probable que quelques habitations occupaient déjà l'endroit car il se trouvait sur la route de Mandeure à Luxeuil et des fouilles ont permis d'exhumer un grand nombre d'antiquités romaines. Desle était arrivé, vers l'an 570, d'Irlande dans la suite de saint Colomban accompagné de plusieurs compagnons dont Colomban le Jeune qui deviendra son successeur à la tête de l'abbaye2. À la fin de sa vie saint Desle se retirait dans une cellule écartée, où il avait fait bâtir une petite chapelle en l'honneur de la Sainte-Trinité, et mourait dans les bras de son successeur le 18 janvier 625.
C'est après le départ de saint Colomban de Luxeuil en 610 sur l'ordre de Burnehilde, reine des Francs, que le Roi de Bourgogne Clotaire II donnait des terres à saint Desle pour mener à bien son projet. La légende veut que lors d'une partie de chasse dans les forêts des Vosges à peu de distance de Lure, où Clotaire II possédait le fisc royal de Saint Quentin, ce roi rencontra saint Desle en pourchassant un sanglier qui s'était réfugié dans la cellule du moine6 ; frappé par son austérité et apprenant qu'il était disciple de saint Colomban le monarque lui disait : « je te donne et je te livre tout ce que je possède près de ces lieux en forêts, pêches royales, prés et pâturage, la villa Bredanas avec son église et les vignes situées à Saint-Antoine pour qu'ils demeurent perpétuellement unis à ton monastère ».
Le lieu où se dresserait l'abbaye appartenait à Weishar (ou Werfaire qui habitait Villa Colonis maintenant Châlonvillars8), seigneur de la cour du roi de Bourgogne et c'est sa femme, Berthilde, qui avait donné quelques terres pour subvenir aux besoins des premiers moines et permettre à saint Desle de fonder deux oratoires en l'honneur de saint Pierre et de saint Paul. Dès son origine la réputation de l'abbaye dans la région inspirait les nobles des alentours et s'enrichissait grâce aux dons du duc Attic qui possédait son avouerie et la transmettait à la branche des comtes de Dabo et d'Eguisheim (en la personne de Eberhard d'Eguisheim son petit-fils en 7279), plus tard elle était transmise aux comte de Ferrette. L'abbaye était largement comblée de faveurs de la part de Pépin le Bref, Charlemagne et Louis le Débonnaire et bénéficiait de revenus considérables ainsi que de la souveraineté d'une dizaine de villages. Le fief s'étendait sur la terre de Passavant-la-Rochère et de son château construit sur une éminence entre Plancher-Bas et Champagney, en plus de ces deux communes la seigneurie comptait les terres d'Eboulet, Frahier, Errevet, Châlonvillars et Mandrevillars4.
En 817, lors du concile d'Aix-la-Chapelle, la règle de Saint-Benoit était imposée en lieu et place de celle de Saint-Colomban qui avait en cours à Lure et qui était plus sévère. À ce concile il était décidé aussi de diviser les monastères en trois classes, ceux qui devaient fournir des hommes et des subsides, ceux qui devaient fournir des subsides seulement et ceux qui comme l'abbaye de Lure ne devaient que des prières.
Dans la deuxième moitié du ixe siècle, sous le règne de Lothaire II de Lotharingie, celui-ci faisait don du monastère à sa maîtresse Waldrade qui en chassait les religieux. Après la mort de Lothaire II en 869 cette dernière se retirait à Remiremont où elle prenait le voile afin d'échapper à la colère du pape Adrien III et de la reine Teutberge. Elle donnait l'avouerie de Lure à son parent Eberhard III qui jouissait quelque temps de l'abbaye, avec son fils Hugues et son petit-fils Gontran, sans aucun égard pour les religieux qu'ils maltraitaient11. Des trois seigneurs Hugues était décrit comme le tyran et le persécuteur des moines par les chroniqueurs de l'époque11. Frappé d'une grave maladie et craignant pour sa vie, Hugues promettait de rétablir l'abbaye dans tous ses droits et ses privilèges s'il guérissait. Son vœu fut exaucé et touché par Dieu tous trois venaient faire pénitence à l'abbaye où Hugues prenait l'habit (ou tout au moins faisait une retraite) et procédait à la réintégration des religieux1, il mourait au monastère en 940.
Après l'invasion des hongrois qui avait incendié et saccagé l'abbaye de Lure entre 926 et 937, le monastère ne devait retrouver sa splendeur que dans le milieu du xe siècle avec l'abbé Battram (ou Beltramme). Ce dernier venait de Laversberg (ou Alavesberg), entre Metz et Strasbourg, et entreprenait, en 967, de faire de l'abbaye de Lure un très grand monastère avec l'autorisation d'Otton-le-Grand1 (Locum Lutheraa vocatum, quem accepimus à filiis Hugonis, Heberhado et Hugone, monachis aptissimum, eis concessimus, Baltranno videlicet et ejus subditis…). Ce monarque connaissait Battram qu'il visitait régulièrement dans son monastère de Laversberg, l'abbé songeait à le quitter car deux évêques voisins (ceux de Strasbourg et de Metz) s'en disputaient la juridiction et de ce fait il cherchait à s'établir ailleurs. Otton-le-Grand qui tenait ses droits sur Lure des comtes Eberhard IV d'Alsace et Hugues Ier depuis 95911(Lutheram, quam accepimus à Filiis Hugonis, Eberardo et Hugone, Monachis aptissiman charte de donation de Otton-le-Grand1), ajoutait à ce don les églises de Roye4, de Dambenois4, de Tavey4 et ce qu'il avait à Volvesheim et Rotesheim en contrepartie que l'abbé Beltramme rétablisse l'église et le monastère de Lure mais en spécifiant qu'il restait sous la gardienneté des Rois de Bourgogne (eo modo, ut Congregatio deinceps maneat, sub mandiburgio Regum Francorum charte de donation de Otton-le-Grand1). Dans cette charte il est question de Regum Francorumcar c'est ainsi que les Allemands nommaient les rois de Bourgogne et de Neustrie1, ainsi Otton-le-Grand reconnaissait qu'il disposait de ce monastère en vertu du droit qu'il tirait du Roi de Bourgogne qui était à cette époque Conrad III de Bourgogne, son beau-frère.
n'hésitez pas à consulter plus en détails la vie de ce Saint sur notre site dans la partie "Nos Saints Patrons".