2024 - Sermon 5ème dim de Pâques

« Je suis la vigne et vous les sarments », tel est le mystère de la vraie vigne qui est inséparablement le Christ et l’Église. Tous les sarments, chacun de nous, demeurant en lui, unifiés en lui, sont la vraie vigne du Père.

Cette vigne porte du fruit, si nous nous laissons tailler et si nous demeurons dans le Christ. Être taillé et demeurer s’appellent l’un l’autre. Si on demeure on est taillé pour porter davantage de fruit et on porte du fruit si on demeure en lui.

Être taillé pour porter davantage de fruit est donc une très bonne chose. Il n’en reste pas moins que nous sommes douloureusement surpris par la taille des épreuves. La taille est souvent rude, on ne comprend plus, on se met à douter, tout semble se perdre dans le brouillard, dans l’obscurité. Peut-on parler de taille des croyants dans une société qui se déchristianise et nous livre à de rudes questions, dans les contraintes et ravages de notre société bouleversée ? Et puis chacun connaît ses tailles personnelles, ce qui nous est arraché, ce dont nous avons à nous laisser dépouiller, les épreuves de toutes sortes qui nous désarçonnent et semblent nous diminuer alors qu’elles nous décapent de ce qui est illusoire, inutile, superflu.

C’est alors le temps de demeurer : demeurer au cœur de notre foi, avec le Christ pascal, durer dans la prière, dans l’amitié avec lui, s’en tenir à la charpente de notre vie chrétienne, vie de foi, d’espérance et de charité. Temps de la patience, de la douceur. Témoigner qu’au temps de la taille on peut demeurer serein, stable, solide, en lui, parce qu’il demeure en nous.

À un monde angoissé, agité, délivrons une parole d’encouragement, discrète, enfouie dans notre quotidien, le témoignage d’une source de paix et de force qui nous habite, celle de vivre jour après jour avec le Christ.